Leurres et Moteurs

Quand l'imaginaire nous envoie dans de mauvaises directions

Dernièrement, je regardais une conférence au cours de laquelle l’oratrice soulignait que la question « Que feras-tu quand tu seras grand ? » est hautement anxiogène lorsqu’on la pose trop tôt… comme il est de coutume!

J’ai été témoin d’un échange de ce type très récemment dans mon voisinage. Un garçonnet de 6 ans a répondu « Je veux être cosmonaute ! « 

Cette réponse de beaucoup de petits garçons (notamment) est intéressante car elle est le symptôme d’un mécanisme qui est amené à subsister tout au cours de la vie : l’imaginaire.

Le RSI pour tous !

Loin de moi la volonté de faire ici un cours sur la psychanalyse Lacanienne en abordant le thème du Réel, du Symbolique et de l’Imaginaire (RSI). Ce n’est pas ma vocation et je n’en ai pas les compétences…

Je m’aperçois néanmoins au cours de séances individuelles de coaching que l’imaginaire est un registre qui permet à nombre d’entre nous de mieux supporter le réel (autrement nommé quotidien par la plupart…). C’est un formidable levier de travail !

Ce processus rend l’imaginaire bien réel… si vous me suivez…

Autant je ne suis pas surpris qu’un enfant réponde  » cosmonaute  » quand on lui demande son projet de carrière, autant je suis dubitatif quand un adulte (décideur parfois) suit le même genre de cheminement.

Je m’explique.

Quand mon petit voisin dit qu’il veut être cosmonaute, il imagine une belle combinaison, l’aventure, le prestige éventuel de la profession (largement véhiculé par les livres d’enfants ou par la télévision), le point de vue sur la terre…. et tout ce qui peut passer par une tête d’enfant (c’est là sa magie!)

En aucun cas, sauf erreur de ma part, il n’envisage les tests et les épreuves nécessaires pour y parvenir : des tours et des tours dans une centrifugeuse de compétition, les manipulations en combinaison immergée, les jours de test de vie en collectivité restreinte en espace clos, les situations anxiogènes pour évaluer les capacités d’adaptation, les connaissances nécessaires à acquérir etc. etc…

Les bienfaits de l’Imaginaire  » Moteur « 

Notre imaginaire nous accompagne heureusement tout au long de notre vie. C’est, entre autres, une manière de nous projeter dans un futur plus ou moins proche (ou lointain) et de commencer à construire l’avenir.

Ce processus de construction est utile et indispensable pour qui sait s’en servir. Dans ce cas, notre imaginaire est dit  » Moteur « . Il nous tire vers l’avant (ou le haut pour ceux qui en profite pour s’améliorer) en nous permettant de conscientiser notre démarche.

C’est un processus que j’utilise souvent en coaching. Je stimule l’imaginaire pour impliquer la personne que j’ai en face de moi en lui demandant, par exemple, de me décrire ce que sera sa vie lorsqu’elle aura atteint son objectif. En général, ses yeux partent en haut à droite : le cerveau droit est stimulé, l’imaginaire est en marche! (l’objectif est donc en vue…)

Les étapes et les écueils éventuels apparaitront lorsque nous entrerons dans l’exploration de ce futur souhaitable, puis se concrétiserons lorsque ce futur sera d’actualité…

Leurre du mirage.

Mais parfois, nous laissons notre imaginaire nous dicter ses lois ce qui le rend parfaitement inatteignable…

Une personne que je connais m’a fait part de sa volonté de « changer de vie « . Parfait ! J’aime ces projets mobilisants ! En questionnant un peu, je découvre cette « autre vie  » : une maison en province, du temps pour soi, un compagnon, la nature …

 » Superbe ! Et quand te lances-tu ? « 

 » Oh ! Avant ça, il faut que change de travail et puis en ce moment, je n’ai personne et pas d’argent pour payer mon loyer actuel et…. « (La liste des « raisons-pour-ne-pas-faire «  est trop longue pour la citer en intégralité ici)

Il ne faut pas, dans ce cas, chercher à démontrer que les arguments « contre » ne sont pas recevables ou valables (ce serait une argumentation personnelle et surtout, ce n’est pas mon rêve). Mon but n’est pas de convaincre cette personne que son rêve n’est pas bon mais plutôt de lui faire prendre conscience que cet idéal de vie est un leurre en l’état actuel car :

  • La liste des pré-requis est beaucoup trop longue et importante pour que cette « meilleure vie » devienne réalité

ou

  • Le niveau de perfection de celle-ci est bien trop élevé pour autoriser toute forme d’accomplissement.

Dans ce cas, s’il n’y a pas de ré-évaluation de l’imaginaire, ce projet sera source de frustration.

Rêver sa vie ou vivre ses rêves… ?

Alors oui, je laisserai aussi mes leurres se manifester lorsque j’irai valider mon ticket Euromillions, en me laissant aller à rêver de ce que je ferais si j’étais riche !

Cela ne m’empêchera pas, par ailleurs, de continuer à franchir une par une les étapes de mon imaginaire moteur pour atteindre ce mieux auquel j’aspire (et qui n’a pas grand chose à voir avec la richesse financière).

Le tout est d’autoriser son imagination à se laisser aller sans limites et sans que la post-rationalisation ne viennent tout casser! Laisser l’inspiration venir en somme…

Savez-vous que l’on peut passer une vie à courir après ses rêves ?

 

 

En résumé

  • Autorisez-vous à écouter votre imaginaire
  • Ne mettez pas vos rêves à distance
  • Soyez objectif avec vous-même et essayez de  » faire le tri  » entre ce qui vous incite à l’action et ce qui entretient l’illusion !
  • Et surtout, surtout ! Ne vous laissez pas influencer par tout ceux qui ont une opinion sur vos rêves…

« Il faut toujours viser la lune car même en cas d’échec, on atterrit dans les étoiles »

 

Oscar Wilde